MOMBOULI NKOU AMBEMBE
Auteur de Contribution à l’Élaboration d’une Véritable démocratie en Afrique
La décolonisation du continent était pour les gens de ma génération, une espérance, un immense espoir, un vrai bonheur d’assurer nous-mêmes la gestion publique de notre patrimoine. Au cours de ces pénibles et louables combats qu’ont menés nos principaux et vaillants leaders contre le colonialisme, il s’était façonné une catégorie de leaders charismatiques qui, déjà considéraient l'homme blanc pas comme supérieur au noir mais un être humain comme tout le monde.
Parmi ces nombreuses figures de proue de dirigeants Africains, aujourd’hui, devenues légendaires, Je citerai entre autres :
Haîlé SÉLASSIÉ(Roi d’Ethiopie), Abdel Gamal Nasser (Egypte), KWAMÉ Nkrumah (Ghana), SÉKOU TOURÉ(Guinée), Houphouët BOIGNY (Côte d’Ivoire), MASSAMBA Débat et Marien NGOUABI (Congo Brazzaville), Thomas SANKARA (Burkina Fasso) etc.
Cette période se caractérisa par des Mouvements de libération au sein desquels certains leaders émergèrent sur la scène internationale. Je citerai de mémoire : en Afrique australe : L’ANC, la SWAPO, en Afrique centrale le Mouvement de Libérations du Congo Belge(MNC) ; en Afrique Occidentale Française (AOF) l’UDDIA.
Patrice LUMUMBA, le très brillant jeune leader Africain, prendra une ascension fulgurante à travers la scène internationale. Dans mon enfance, j’admirais toutes ces figures historiques ; car j’étais persuadé que, eux n’avaient pas de complexe devant la peau blanche. Ils voulaient créer avec nos maîtres d’hier des relations apaisées, basées sur l’égalité réciproque de chaque partie.
Mais le colonisateur, qui voulait absolument avoir la main mise sur nos biens, agita le chiffon rouge en les taxant de communistes. C’est ainsi que certains d’entre -eux, furent sauvagement assassinés ; d’autres encore, liquidés par des coups d’Etat fomentés par les valets locaux avec les bénédictions des puissances colonisatrices.
Les anciennes colonies Françaises occupèrent et occupent encore le premier rang dans l’organisation de ces manœuvres sordides. Je n’en veux pas à la France, pays de Montesquieu, de Rousseau, de Mendès France, des intellectuels, des Droits de l’Homme, devenu le mien. En revanche, je récuse ce système haineux, la FrançAfrique.
De nos jours, elle sert de parapluie aux dictateurs Africains qui freinent l’expansion de notre continent. L’Afrique de ma génération est une Afrique attristante ; mais celle de demain, ne pourra plus accepter cette attitude condescendante de ses dirigeants.
Nos hommes politiques Français doivent s’y préparer si nous voulons bien préserver nos relations de fraternité et nos intérêts avec l’Afrique. La seule solution qui vaille, il faut mettre un terme à la FrançAfrique.
Notre rêve idéal et pressant consistait à la cessation du colonialisme. Nous pensions que lorsque nous allions devenir indépendants, nos peuples allaient connaître la grande expansion dans tous les domaines de l’activité humaine.
Après l’indépendance, les hommes politiques qui se sont installés au pouvoir, ont profondément déçu nos peuples par leurs piètres comportements en voulant singer le pouvoir blanc.
Or au temps du Blanc, nous avions : les soins assurés aux populations, l’égal accès à l’instruction, au mérite ; l’eau potable, l’électricité, la paix, les fournitures scolaires pour les élèves, l’égalité des chances, la sécurité, la justice etc. Alors qu’aujourd’hui, nos peuples, notamment celui du Congo Brazzaville, est tombé en déliquescence. La désintégration du tissu social ne peut émouvoir les dirigeants ; au contraire, ils contribuent à l’accentuer par leur passivité.
A notre temps, le mérite était le seul critère du succès, aujourd’hui, le facteur clé devient la médiocrité qui l’emporte sur tout. L’immoralité a atteint son apogée. Elle s’est même inscrite sur les annales de l’ignominie. La morale étant relayée au second plan. L’immoralité devient une règle d’or dans l’exercice du pouvoir. La mauvaise organisation de l’élection présidentielle, la confiscation des libertés publiques, la mise en résidence surveillée de l’opposition par le président Denis SASSOU NGUESSO, sont les principaux signes qui confirment la démolition systématique des conditions de vie au Congo Brazzaville.
Mais devant cette situation, la Communauté internationale demeure mordicus. En attendant qu’il y ait d’importantes pertes de vie humaine pour voler enfin au secours du peuple ; comme ce qui s’est passé chez nos frères et sœurs de Guinée.
A ce peuple, je lui présente toute mon admiration pour son courage. Car il ne peut y avoir victoire sans le moindre combat.