Par Kathryn McConnell
Les États-Unis vont lancer une initiative vigoureuse en vue de réduire la faim et la malnutrition dans le monde en investissant dans les pays qui ont dressé une stratégie visant à accroître leur production de produits vivriers, à créer des marchés solides et à susciter les investissements du secteur privé dans le domaine de l'agriculture.
Ce projet, baptisé Initiative alimentaire pour l'avenir, augmentera les revenus d'au moins 40 millions de personnes au cours de la prochaine décennie et réduira la sous-nutrition chronique chez les enfants, a déclaré M. Rajiv SHAH, administrateur de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).
M. SHAH a énoncé les grandes lignes de l'Initiative alimentaire pour l'avenir lors d'un symposium tenu le 20 mai 2010 à Washington sous les auspices du Conseil de Chicago sur les affaires mondiales.
Apporteront leur savoir-faire à ce projet différentes agences du gouvernement fédéral, dont l'USAID, les ministères de l'agriculture et des finances, la Société du compte du millénaire (Millennium Challenge Corporation ou MCC) et le Corps de la paix, en collaboration avec jusqu'à 20 "pays ciblés" en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
En juin 2009, le président Barack OBAMA s'est engagé à allouer au mois 3,5 milliards de dollars sur trois ans au développement agricole et à la sécurité alimentaire, dans le but d'assurer à ceux qui en ont besoin de par le monde un accès durable à une nourriture saine et des revenus suffisants pour se la procurer. Le Congrès devra approuver le budget définitif de l'initiative.
L'Initiative alimentaire pour l'avenir pourrait cibler les pays suivants en Afrique, en Asie et en Amérique latine respectivement : Éthiopie, Ghana, Kenya, Libéria, Mali, Malawi, Mozambique, Ouganda, Rwanda, Sénégal, Tanzanie et Zambie ; Bangladesh, Cambodge, Népal et Tadjikistan ; Guatemala, Haïti, Honduras et Nicaragua.
Tous ces pays ont des revenus faibles, une importante population rurale et un taux élevé de malnutrition infantile. La plupart d'entre eux ont déjà engagé la participation de leurs communautés locales et de leurs organisations non gouvernementales aux efforts visant à améliorer la productivité agricole et le commerce agroalimentaire régional. Les États-Unis fonderont leur décision quant à des investissements au-delà de la période initiale de trois ans sur les résultats accomplis dans ces pays.
Washington s'attend à avoir fourni des fonds, dans le cadre de l'Initiative alimentaire pour l'avenir, à 15 des 20 pays potentiellement ciblés d'ici à la fin de 2010. Les investissements seront alloués selon les priorités des pays en question tandis que ceux du secteur privé viseront certains domaines spécifiques tels l'entreposage des céréales et les systèmes d'information sur les marchés internationaux, a expliqué M. SHAH. Les pays africains participant à l'Initiative alimentaire pour l'avenir ont indiqué qu'ils favorisaient les investissements américains qui viendraient accroître le commerce régional de leurs produits agricoles.
M. SHAH a ajouté que plusieurs pays avaient déjà déployé d'importants efforts pour mettre en œuvre des stratégies dans le domaine de l'alimentation et des investissements afférents. Il a pris note du fait que le Rwanda avait accru sa production alimentaire de près de 50 % depuis 2006 en multipliant les investissements gouvernementaux dans le secteur agricole.
Certains pays ont formé des partenariats avec de gros acheteurs de produits alimentaires internationaux afin de créer une demande et des systèmes d'approvisionnement durables. Wal-Mart, par exemple, qui est le plus grand vendeur au détail du monde, œuvre de concert avec les agriculteurs de l'Amérique centrale pour les aider à améliorer leurs méthodes d'entreposage des récoltes.
La stratégie énoncée par le gouvernement OBAMA donne la priorité aux femmes qui travaillent la terre et qui sont responsables de la majorité de la production agricole dans les pays en développement.
"Quand les femmes contrôlent les revenus, elles sont plus susceptibles de les dépenser pour améliorer l'accès de leur famille aux soins médicaux, à l'éducation et à la nutrition", a dit M. SHAH.
Le ministre américain de l'agriculture, M. Tom VILSACK, a mis l'accent sur le fait que le gouvernement fédéral prévoyait d'accorder aux femmes du crédit, des services d'appoint et des bourses de recherche. L'Initiative alimentaire pour l'avenir ciblera particulièrement la recherche accrue dans le domaine des techniques agricoles et de la biotechnologie. Les programmes de recherche coordonnés par le ministère de l'agriculture et l'USAID compteront la participation d'universités américaines et internationales de même que celle des entités du secteur privé.
M. VILSACK a ajouté que la nouvelle initiative consacrera aussi des ressources considérables aux programmes d'alimentation dans les écoles qui constituent souvent la seule source de repas nutritifs pour de nombreux enfants.
"Il s'agit d'aider les populations à être en bonne santé et leurs pays à avoir une économie saine, dit-il. Et pour cela, il vous faut des gens bien éduqués".
Le ministre de l'agriculture a souligné que le bénévolat jouerait également un rôle dans l'Initiative alimentaire pour l'avenir. Certains programmes, tel "De fermier à fermier" qui est géré par des groupes non gouvernementaux, visent à établir des relations entre des agriculteurs et des experts de l'agroalimentaire américains avec leurs homologues dans les pays en développement avec lesquels ils partagent leurs compétences et leur savoir-faire à titre bénévole.