Des Journalistes harcelés, menacés et violentés à Brazzaville, après l'élection contestée
Le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) est alarmé par le harcèlement des journalistes couvrant les élections présidentielles contestées en République du Congo.
· Mercredi 15 juillet 2009, la police a brisé la caméra de la vidéaste Marlène RABAUD de France24, alors qu'elle filmait la dispersion d'une manifestation de l'opposition dans la capitale, Brazzaville, selon des journalistes locaux et des reportages.
· Son collègue de France24, Arnaud ZAJTMAN , qui était également sur les lieux, a déclaré au CPJ que les officiers les ont poussé et confisqué leurs images.
· Un troisième journaliste de la BBC, Thomas FESSY, a dit au CPJ que l'officier lui a tiré les cheveux jusqu'à ce qu'il ait remis son enregistreur audio.
· Un officier en uniforme a fouillé Thomas FESSY, sous les ordres de policiers en civil et ont saisi un sac de matériel, y compris un appareil photo numérique, un téléphone portable et son ordinateur portable. Les tentatives de récupérer leurs biens ont été vains, ont dit les journalistes.
S'adressant au CPJ jeudi 16 juillet 2009, le porte-parole de la police nationale le colonel Jean AIVE ALAKOUA a déclaré que la police n'avait pas encore examiné la manifestation, qui a été déclenchée par l'annonce officielle de la réélection du Président Denis SASSOU NGUESSO au milieu des nombreuses allégations d'irrégularités. "Je n'ai reçu aucune plainte à ce sujet (l'incident)», a ajouté M ALAKOUA
"Il est inacceptable dans une démocratie que les journalistes soient harcelés alors qu'ils couvrent des élections et ses suites", a déclaré le CPJ Africa Program Coordinator Tom RHODES. "Nous appelons les autorités à mettre fin à ces intimidations, le retour saisie du matériel, des médias et de compenser pour les dommages".
Les agents de la sécurité ont harcelé une autre journaliste, Catherine NININ de Radio France Internationale, selon des journalistes locaux.
Dimanche 12 juillet 2009, autour de 01 h00, quelques heures avant l'ouverture du scrutin, une douzaine d'agents de sécurité dirigé par le colonel Thomas BAKALA MAYINDA Congolais de l'agence de renseignements de surveillance de la Direction territoriale (connu par son acronyme Français DST) est entré dans l'hôtel de Catherine NININ et demandé à voir la journaliste, sous prétexte de mener une interview. Le personnel de la réception de l'Hôtel Saphir a refusé l'accès. Catherine NININ CPJ dit dans un e-mail qu'elle a reçu un appel téléphonique menaçant d'une personne de la présidence une heure plus tard, tandis que deux autres groupes d'agents de sécurité ont assiégé l'hôtel toute la nuit.
Par ailleurs, Arnaud ZAJTMAN a également déclaré au CPJ avoir reçu un coup de téléphone au milieu de la nuit pour le reportage de sa chaine TV sur la pauvreté à Brazzaville. ZAJTMAN, RABAUD, et FESSY ont dit avoir quitté l'Hôtel Hippocampe, à Brazzaville, après avoir remarqué que les agents de sécurité surveillaient leurs activités.
S'adressant au CPJ, jeudi 17 juillet, ALAKOUA porte-parole de la police a déclaré qu'il n'était pas au courant de la demande des agents de voir Catherine NININ. "Elle se déplace librement. Elle fait ses reportages comme elle le souhaite, même s'ils ne sont pas nécessairement du goût de tout le monde", a-t-il dit, ajoutant que la police n'a jamais reçu une plainte de sa part.
Toutefois, au cours d'une conférence de presse le 11 Juillet au siège de la campagne présidentielle, de hauts fonctionnaires ont averti Catherine NININ à plusieurs reprises sur la couverture de RFI et France 24, selon plusieurs journalistes locaux. "S'il vous plaît ne soyez pas la (Radio Télévision Libre des) Mille Collines", le porte-parole François IBOVI a été cité par des sources locales comme visant Catherine NININ. Le commentaire a été une référence à la fameuse station Rwandaise qui a contribué a déclencher le génocide de 1994. "Nous vous demandons de faire votre travail. Il n'y a pas un seul journaliste en prison dans ce pays. La liberté de la presse est garantie, mais n'essayez pas de mettre de l'huile sur le feu". Les déclarations apparemment découlent d'un reportage de RFI sur l'appel de l'opposition à boycotter le scrutin et un reportage de France 24 montrant un rassemblement de l'opposition côte à côte selon Catherine NININ. Les médias pro-gouvernementaux ont également attaqué Catherine NININ dans des éditoriaux, selon l'enquête du CPJ.
"Le harcèlement de notre collègue Catherine NININ révèle un climat de peur et d'auto-censure de la presse locale que la République du Congo a subi pendant des années", a déclaré Tom RHODES.