Au lendemain de la proclamation de la victoire d'Ali BONGO à l'élection présidentielle, confirmée depuis par la Cour constitutionnelle, la situation reste tendue au Gabon.
S'il régne un calme relatif à Libreville, des renforts de police ont été envoyés à Port-Gentil, capitale économique du pays, où de nouvelles violences ont été signalées. L'opposition menace de former un gouvernement parallèle et d'appeler à la Désobéissance Civile.
Après l'incendie jeudi du consulat Français à Port-Gentil, les troupes Françaises sur place ont été placées en état d'alerte. Mais vendredi, des manifestants s'en sont pris à un poste de police qu'ils ont incendié, alors que la plupart des magasins situés sur le boulevard principal ont été pillés et que des tirs sporadiques d'armes à feu ont été entendus dans la matinée.
Les policiers ont pris position devant les vitrines brisées, alors même que les manifestants incendiaient le commissariat central, selon DIANNEY MADTZOU, rédacteur en chef de la chaîne de télévision locale Top Bendje. Des gangs avaient arpenté librement les rues de la ville la nuit précédente et la police n'est arrivée que vendredi, en provenance de Libreville, selon M. MADTZOU. Il a ajouté qu'au moins une personne avait été tuée au cours des émeutes qui ont suivi l'annonce des résultats jeudi.
Dans la capitale, les rues étaient pratiquement vides et seuls y circulaient soldats et policiers, tandis que les habitants sont restés cloîtrés dans la matinée par crainte d'une reprise des violences. Dans l'après-midi, toutefois, certains magasins ont rouvert. "La vie revient à la normale et les gens commencent à ressortir", a commenté Sydney KOUMBA, un étudiant en droit habitant dans le nord de Libreville.
L'opposition continue toutefois à contester les résultats de l'élection. Louis Gaston MAYILA, porte-parole de la coalition soutenant l'opposant Pierre MAMBOUNDOU, a qualifié le scrutin de "farce électorale" et a assuré que son champion avait gagné. "Il se pourrait que dans les jours qui viennent Pierre MAMBOUNDOU forme un gouvernement", a-t-il déclaré sur France-Inter.
Et d'avertir que "ce gouvernement-là donnera des instructions au peuple (...) et lorsque nous dirons 'désobéissance civile', lorsque nous dirons 'pas de profs dans les lycées', lorsque nous dirons 'pas d'infirmières dans les hôpitaux', on verra si ce sont les instructions d'Ali BONGO qui seront suivies".