Interruption d'un Meeting par les Forces Armées Congolaises

Pointe-Noire a frôlé le chaos et le bain de sang

Par Ghys Fortuné DOMBE BEMBA

La dictature, la tyrannie, les machinations et les montages mal faites seraient-elles en train de revenir au Congo à pas de géant ?

Quelques signes patents le démontreraient aujourd’hui et personne ne pourrait mettre en doute, la fièvre et l’effervescence politique qui se vivent déjà dans notre pays après le fameux dialogue qui, à la fin, ne s’est avéré être qu’un simple monologue selon plus d’une personne.

Qui l’aurait cru ?

En effet, le samedi 25 avril 2009, contre toute attente, le meeting de l’opposition a été interrompu intelligemment à la stalinienne par les éléments armés. Pourtant, les partis de l’Opposition étaient venus à Pointe-Noire, en toutes légalités, ils avaient rencontré les autorités locales, qui leur avait délivrée des autorisations pour tenir leur meeting. Par la suite, les partis de l’Oppositions s’étaient rendus au lieu du meeting.

Malheureusement, en arrivant sur les lieux, grande a été la surprise de constater que, une horde de militaires, avaient occupés les lieux pour certains et pour d’autres ils se trouvaient dans plusieurs véhicules jusqu’aux alentours du stade Tata Loboko. Au départ, ces agents de la force publique, prétendaient être là pour jouer un match de football de 12h à 20h.

Ce raisonnement semblait être incohérent à partir du moment où une centaine des éléments étaient... Et puis, aucun match de football ne se joue en 8 heures de temps. Pire, le stade Papa Loboko n’est pas un stade militaire, l’armée à bien des espaces sportive à Pointe-Noire.

Ce qui est grave, c’est de constater, que ces hommes armés se sont permis à vouloir commencer les hostilités. La preuve, deux des hommes en armes ont ravi de force le mégaphone se trouvant entre les mains de l’honorable Kadia. Nonobstant la présentation de la cocarde de députés à ces derniers, ils ont campé sur leurs positions.

Dans la foulé, les sympathisants venus très nombreux assistés au meeting ont commencé à chanter l’hymne national avant de scander certains slogans parlant de libertés fondamentales.

Les éléments armés de leur côté, dirigés par deux officiers supérieurs ont commencés à se disputer avec la population prenant des positions grave de matraquage. Pour éviter le pire, les Présidents des Partis de l’Opposition se sont concertés et ont appelés le Préfet qui malheureusement aurait éteint son téléphone portable. Pour calmer les populations, les responsables de l’opposition dit radicale, sont passé par la ruse en demandant aux militants le calme et de les suivre à l’OCH où ils ont animé une conférence de presse en lieu et place du meeting.

N’eut été la grâce de Dieu, le sang devrait giclé avec des esprits surchauffés de part et d’autres.

A la vérité, à quelques mois de l’élection présidentielle, les calculateurs et tous les oiseaux de mauvais augure ne cessent de multiplier des tacles et des dribbles comme Ronaldhino dans le but de saper certaines actions.

Au fait, pourquoi voudrait-on délibérément étouffer la libre expression et la prise de parole officielle par les leaders de l’opposition ?

Ce qui importe c’est le fait de se poser la question, de savoir si les meetings politiques seraient-ils interdits désormais au Congo pour les leaders qui se réclament de l’Opposition ?

Pendant ce temps, les leaders du RMP et autres excroissances du pouvoir de Mpila n’ont cessé de distribuer des tee-shirts, des casquettes, des pagnes et des foulards tout en s’égosillant et en multipliant, ici et là, des meetings et des conférences de presse dans le but de tout rejeter sur le dos de ceux qui sont désignés aujourd’hui par un terme assez impropre à savoir "l’Opposition radicale".

En conséquence, le grand meeting d’explication et de clarification que tentait d’organiser les leaders du Front de l’Opposition, à Pointe-Noire, et plus précisément au Stade Tata Loboko à Tié-Tié, a été subitement interrompu.

Qui aurait étouffé ce meeting avorté et pour quelles raisons ?

Pour ce faire, des voitures et des bus avaient été louées, des chambres d’hôtels avaient été aussi louées sans oublier les billets d’avion Brazzaville-Pointe-Noire-Brazzaville et toute la logistique nécessaire. Malgré toutes les autorisations officielles et toutes les garanties possibles, la surprise a été de taille de voir les leaders de l’Opposition se voir refusé le droit d’organiser leur meeting au Stade Tata Loboko.

Pourquoi a-t-on voulu occasionner des pertes inutiles pour les Opposants, en faisant avorter leur grand meeting de Tata Loboko?

Des consignes précises et particulières seraient-elles envoyées directement depuis Brazzaville pour tenter de museler l’Opposition et faisant avorter ce meeting de Tata Loboko?

Si non, pourquoi les éléments de la Force Publique avaient-ils été appelés à la rescousse et s’étaient-ils directement impliqués avec beaucoup d’entrain dans l’accomplissement de cette besogne ?

A quelques mois de l’élection présidentielle, les FAC commencent déjà à faire souffler le chaud et le froid à Pointe-Noire où les opposants ont été obligés de se taire ; de ne pas s’exprimer librement en public en plein cœur du Quartier Tié-Tié.

Au regard de ce qui précède, la Force Publique Congolaise serait-elle devenue un instrument efficace et au service d’un seul groupe de partis politiques soient-ils dominants ou au pouvoir ?

Pour le contribuable Congolais et surtout pour tous les futurs candidats et challengers de M. Denis SASSOU NGUESSO, la dépolitisation de l’Armée, de la Police et de la Gendarmerie devrait être revue, reprécisée, débattue et bien effective avant la tenue de l’élection présidentielle de cette année. Si non ?

Les réflexes dictatoriaux et les pratiques visant à museler les opposants sont de nature à faire tordre le cou à notre jeune démocratie qui a plus que besoin de la contribution de tous, des opinions de tout le monde : le Pouvoir, l’Opposition, la Société civile et les autres corpus sociaux.

En cette période de fin de mandat, du long septennat de M. Denis SASSOU NGUESSO et ses Evangélistes de la Nouvelle Espérance, les Congolais du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest ont pour la plupart cessé de prêter leur oreille à tous ceux qui, comme au beau temps du mono, caporalisent la parole, la confisque, nuit et jour, et ne laissent aucune chance aux autres acteurs politiques et civils de pouvoir s’exprimer librement et surtout publiquement.

Pour la communauté internationale qui nous observe encore d’un œil assez vigilant, la volonté de violer les libertés publiques en bâillonnant l’Opposition – soit-elle radicale ou modérée – n’est pas de nature à décrisper le climat politique et de civiliser notre vie démocratique.

La communauté internationale ne pardonnera jamais ce genre de manœuvres iniques et anti- démocratiques qui, non seulement alimentent la crise politique mais préfigurent déjà ce que seront les différents meetings qui seront organisés, ici et là, par certains leaders et candidats proches de l’Opposition.

Les Congolais ont soif des bonnes idées et des opinions de tout le monde : les candidats du RMP, de l’Opposition et les Indépendants ont intérêt à sillonner et à organiser des meeting partout de Bétou à Tsinguidi, de Oyo à Divénié, de Souanké à Mayéyé, de Mindouli à Pokola, de Mapati à Kabo, etc.

Pourquoi voudrait-on, aujourd’hui, et notamment à Pointe-Noire, restreindre les choses et faire monter les enchères ? A qui profite ce petit et vilain jeu de bas étage ?

En somme, les Forces Armées Congolaises, la Police et la Gendarmerie ont intérêt à se discipliner, à ouvrir les oreilles et les yeux afin d’éviter de se faire bientôt manipuler bêtement et idiotement par ceux qui ont toujours recouru très maladroitement à la manière forte et dictatoriale pour faire passer leurs oukases.

Les théories marxistes et léninistes apprises et récitées comme des prières par certains leaders politiques Congolais ayant séjourné à Kiev, à Leningrad, Minsk, Odessa et surtout à l’Université Lomonossov n’ont pas fini de produire leurs effets dans la manière d’agir de certains "Camaa’ Membres" qui n’ont pas fait des cadeaux à Pointe-Noire ! Oui. L’Opposition en a eu pour son compte certes, mais après ?